Page:Deraismes - A bon chat bon rat.djvu/42

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un cigare, la pluie redouble, mes vêtements sont traversés ; voilà, j’espère, une raison irréfutable, un seul babil formant ma garde-robe de voyage, je suis contraint de l’endosser. Mais je deviens très-fort, moi ; voyez un peu ce que c’est qu’un désir qui nous aiguillonne. Incontestablement, cette femme est très-séduisante. En une heure, elle m’a fait changer trois ou quatre fois de manière de voir. Il faut que l’impression soit bien, forte pour… (Il regarde son habit) m’amener à commettre une semblable lâcheté, car c’est une lâcheté de vouloir lui plaire… Mais c’est elle.




Scène V.


OCTAVE, ANTOINETTE.


ANTOINETTE, en toilette élégante, apercevant Octave. À part.

Ciel ! que vois-je ?

OCTAVE.

Est-ce possible ? Je suis ébloui.

ANTOINETTE.

Je suis devancée !

OCTAVE.

Mon stratagème est pris, moi qui le croyais neuf !

ANTOINETTE, souriant.

Pourrais-je vous demander, monsieur, qui a donné lieu à ce changement ?

OCTAVE.

Mon Dieu ! madame, est-il convenable de vous répondre par la même question ?