Page:Deraismes - A bon chat bon rat.djvu/43

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ANTOINETTE, à part.

Ne rions pas. (Haut.) Mais, parfaitement : je viens d’être victime de ma témérité ; la chaleur de ce feu et votre xérès trop généreux m’avaient réellement étourdie ; je me suis risquée au dehors pour respirer un peu d’air, j’ai été surprise par une bourrasque de vent et de pluie. Ma robe est à tordre, il m’a fallu la changer, et, ce qui est contrariant, mettre celle-ci qui n’est guère de circonstance. Mais je n’avais pas à choisir, elle compose toute ma garde-robe… Et vous ?

OCTAVE

Ah ! mon Dieu ! madame, je suis vraiment confus ; faites-moi grâce de mon récit, il serait la répétition du vôtre.

ANTOINETTE, d’un air de doute.

Vraiment ! vous avez été très-mouillé ?

OCTAVE, cherchant à se donner de l’aplomb.

Imaginez-vous, madame, les grandes figures sous lesquelles les peintres nous représentent les fleuves, et vous aurez une juste idée de ce que j’étais il y a cinq minutes.

ANTOINETTE, essayant de frissonner.

Je vous déclare que jamais pinceau n’a reproduit naïade si trempée que moi tout à l’heure. (À part.) Je veux lui faire avouer son mensonge. (Haut.) Et, tenez, je gage que, si nous comparions nos vêtements mouillés, les miens seraient plus ruisselants que les vôtres.

OCTAVE, à part.

C’est un piège. (Haut.) Si cela peut vous amuser, comparons les pièces. (Ouvrant à gauche.) Regardez quelle submersion !

ANTOINETTE, ouvrant à droite.

Voyez quelle inondation ! (À part.) Nous sommes de même force.