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nel et cultivent l’oisiveté et tous les vices qui en découlent avec la plus parfaite quiétude.

Donc, puisque l’enfant est considéré comme débiteur, je voudrais que le prêt, à raison duquel il est engagé, lui fût donné non fictivement mais effectivement. Car faute de représentant, de mandataire, l’enfant est mille fois frustré. Il est victime de l’inertie de la loi.

Ou m’accusera, je ne l’ignore pas, d’introduire la défiance dans la famille, le papier timbré, au besoin, peut-être ! Mais je veux que la confiance soit motivée. Ceux qui n’ont pas souffert en parlent à leur aise En vérité, notre morale est plus que suspecte !

Comment ! on trouve qu’il est indispensable et conforme à la loyauté la plus élémentaire qu’un associé règle sa part d’association, qu’un tuteur rende des comptes de sa tutelle ; cependant, dans ces deux cas, il n’est question que d’intérêts pécuniaires, d’argent, en un mot, tandis que l’enfant aventure sa santé, sa vie, sa conscience, son intelligence, enfin tout ce qui fera de lui un être vigoureux, chétif ou maladif, instruit ou ignorant, honnête ou coquin ; Et[illisible] l’on trouve insolite que je demande une garantie ! Certes, oui, je la demande, et, si j’en avais la possibilité, je l’exigerais.

La garantie, me répondra t-on, elle est dans l’amour des parents pour leurs enfants ; c’est dans leur tendresse qu’il faut la chercher. Ah ! voilà le mot magique prononcé : l’amour ! Il provoque l’attendrissement et fait taire toute critique. On met en avant la voix du sang, le cri des entrailles. Au théâtre, ces grands mots font grand effet. Cependant, il faut reconnaître qu’ils ont un peu vieilli.

À Dieu ne plaise que je conteste la vivacité et la profondeur de l’amour paternel et maternel. C’est un sen-