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dans l’humanité

vigueur. Il est humiliant de l’avouer, elle n’avait pas pénétré dans les consciences, elle était au-dessus des mœurs !

Et cela est si vrai, qu’on l’avait organisée de telle sorte qu’elle ne pût recevoir d’exécution. Les inspecteurs n’étaient pas rétribués, ce qui était un grand tort : car des individus qui donnent toute leur vie à une mission doivent y trouver des moyens d’existence. De plus, ces inspecteurs étaient en nombre insuffisant et dérisoire et, le plus souvent, ils s’entendaient avec les patrons.

La loi fut donc comme non avenue. Il fallut trente-quatre ans pour qu’on la ressuscitât, qu’on la perfectionnât et qu’on la prit sérieusement en souci.

Pendant ces trente-quatre ans, l’industrie prit de plus en plus d’extension et le nombre des victimes d’un travail hâtif et prématuré s’augmenta tous les jours sans qu’on y prit garde.

Pourtant, vers 1865 et 1867, on commença à s’inquiéter de la petite taille et de l’air chétif des jeunes gens qui se présentaient au tirage dans les villes manufacturières. En 1807, sur 325, 000 individus inscrits, on en comptait 109, 600 de réformés. Sur ce chiffre, 18, 000 n’atteignaient pas la taille de {{illisible|1m,60}, et 33, 000 étaient de faible constitution et même rachitiques. Ils se ressentaient de l’abandon de la loi de 1841.

Des statistiques ont établi que, dans les départements agricoles, pour 100, 000 individus valides, il s’en trouvait 4, 209 de réformés, tandis que, même proportion gardée pour les départements industriels, le chiffre des réformés s’élevait à 10, 000, 11, 000 et même 14, 000. On s’est enquis, et l’on a été à même de constater, que le travail dans les manufactures était pour une large part dans cette détérioration de l’espèce. Ce