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ève

un innocent pour expier le crime d’un coupable ; on allumait des bûchers pour obtenir l’unité de la foi. Il y a eu aussi les nécessités politiques et dynastiques, avec leurs coups d’État, c’est-à-dire les massacres, les fusillades, les déportations, l’exil. Il y a aussi les nécessités physiologiques, avec l’abominable enrôlement de la prostitution. Enfin, au faîte et comme couronnement, on place les nécessités industrielles.

Mais, avant d’aller plus loin, voyons donc un peu quels sont l’objet et le but de l’industrie. Les voici : augmenter le bien être et le confort des peuples, épargner leurs forces en leur substituant celles des machines ; centupler la production, et par ce moyen, répondre et satisfaire à un plus grand nombre de besoins ; créer la richesse et répandre partout l’aisance, la prospérité, le bonheur.

Mais, qu’apprenons-nous ? Les rôles sont intervertis, les termes sont renversés. Cette industrie, de servante des nations et des peuples qu’elle doit être, devient leur dominatrice et leur despote. Loin de les aider, de les alléger, elle les dévore en herbe ; elle appauvrit leur sang, abrège leur vie ; en un mot, ce n’est plus l’industrie qui est faite pour l’humanité, c’est l’huma nité qui est faite pour l’industrie.

Allons donc ! Mais c’est là une théorie de fou ! Et, prenons garde qu’à ces fameuses nécessités industrielles on ne nous oppose, un jour, les nécessités révolutionnaires.

Je ne fais, ici, cette revue rétrospective que pour montrer combien, pendant ces débats, les prétextes fallacieux de puissance paternelle, d’intérêts économiques, déguisaient l’égoïsme particulier et s’opposaient au triomphe du projet de loi. La conscience l’emporta, la loi fut votée. Naturellement, elle allait avoir maille à partir avec les mauvais vouloirs qui, immédiate-