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ève

Dans les diverses parties de l’industrie, on faisait même travailler les enfants le dimanche. On apprit, non sans un grand ébahissement, que les patrons transgressaient la loi faute de la connaître. Cependant cette loi a été promulguée en 1874 et il arrive qu’en 1876 on dit ne pas la connaître.

On apprit aussi qu’il y avait des locaux de forces mécaniques. Ces établissements sont divisés en plusieurs compartiments où sont des machines mises en mouvement par un moteur commun. On racole des enfants, pris au hasard, et on les enferme jusqu’à ce qu’ils aient fait la tâche voulue, tâche dure et pénible. De plus, ils sont là sans surveillance. On voit d’ici le danger et la démoralisation.

Nous disions, il n’y a qu’un instant, que, pour qu’une loi reçoive son application, il faut que la nécessité de cette loi s’impose à la majorité des esprits, sans quoi le plus grand nombre s’efforce de la tourner à son profit.

Après la promulgation de cette loi, on pouvait devoir compter sur le concours des parents intéressés à ce qu’on ne surmenât pas leurs enfants. Le contraire se produisit, et l’antagonisme des parents est venu se joindre à l’antagonisme des patrons et le corroborer. Nous ne parlons pas seulement du département de la Seine, mais bien aussi de certaines régions du Midi. Dans le Tarn, principalement, l’opposition prit un caractère de violence.

Là, la population est hâve, misérable, flétrie en germe par les privations continuelles de génération en génération et par un labeur prématuré. Donc, l’interdiction du travail des jeunes enfants, dans les manufactures, fut considérée par les familles comme une mesure arbitraire et vexatoire accroissant encore leur misère. Les habitants exaspérés allèrent jusqu’à menacer