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ève

Dix ans de ce régime apporteraient déjà une amélioration sensible à l’ensemble social. Dans ces conditions de salubrité physique et morale, la jeune génération se préparerait favorablement.

Ici, je prévois une objection, et je vais au-devant. On me dira : « Mais tous les désordres, tous les scandales ne proviennent pas seulement du défaut d’instruction, de surveillance. Les fils choyés, chéris, instruits, des classes supérieures, donnent-ils donc toujours de si satisfaisants résultats ? Ne fournissent-ils pas, eux aussi, un assez joli contingent aux malpropretés sociales ? Ne rencontre-t-on pas, à l’occasion, dans leurs dossiers, des caisses soulevées, des escroqueries de tout genre, des attentats aux mœurs de toute nature, voire même contre nature ? Délits enfin, qui les traînent, bel et bien, en police correctionnelle ou en cour d’assises. Vous voyez donc bien que là n’est pas la source du mal. La source de nos maux est dans l’abaissement des consciences. Il n’y a plus de principes, il n’y a plus de croyances. »

C’est vrai, répondrai-je. Et puisqu’il est question de conscience, c’est par la conscience que je vais finir.

La conscience disparaît successivement ; d’où vient ce phénomène ?

Nous avons fait remarquer que, d’une part, la paternité est soit tyrannique, soit indifférente, soit idolâtre, mais rarement rationnelle. Quant à la société, elle l’est encore moins.

L’enfant a cependant besoin d’être élevé, mais sur tout bien élevé. On doit non seulement fortifier son corps, mais encore former sa conscience. La conscience n’arrive pas toute faite : on la fait ou on la défait suivant l’éducation.

Comment s’y prend-on pour former cette conscience ?

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