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ève.

simultanément par deux hommes, à un tel degré d’intensité, surexcite son imagination et stimule ses désirs. Que revient-il au mari trompé de ses belles qualités, de sa noblesse de caractère, de son dévouement, très mal placé, il faut en convenir ? le déshonneur dans sa maison et la ruine. Le procédé qu’il emploie pour se venger est, en vérité, des plus ingénieux ; il condamne les coupables à l’ingratitude. Il me semble qu’ils n’avaient pas attendu son verdict, qu’ils avaient pris les devants, et l’avaient largement pratiquée.

Dans cette pièce, le seul condamne est celui qui condamne.

Quant à Paul Forestier, tous les rôles à prétentions morales y sont absolument naïfs. Nous y rencontrons un père tirade, sentencieux, prudhommesque, dénué de toute sagacité et qui, par sa soi-disant prudence, va tout gâter. À côté de lui, la plus stupide des ingénues ; il est vrai qu’elle sort du couvent, ce qui peut lui servir d’excuse. Si Mme de Clers, la femme fautive, n’avait pas, au bon moment, une éclaircie de conscience, c’en était fait de la femme légitime ; le mari, une espèce de drôle, fuyait avec sa maîtresse. C’est grâce à cette dernière, qui finit par rougir d’enlever le mari de son amie, que le dénouement s’accomplit à la grande satisfaction du public.

De tout ceci il suit que le vice dispose seul du charme, de la séduction et de la puissance ; et que la vertu dévirilisée ne peut être que sa proie et sa victime.

De cette interversion des rôles ne peuvent sortir que le désordre et la dissolution des mœurs. Désordre dans les idées, désordre dans les actes, dissolution générale, et, qui plus est, universelle.

Déjà au commencement du siècle, les écoles socialistes, basant l’ordre des collectivités humaines sur la