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Page:Deraismes - Eve dans l humanite - Les Droits de l enfant.pdf/64

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légitime satisfaction des besoins individuels, cherchèrent à faire disparaître cette cacophonie sociale. Elles proclamèrent l’amour libre par l’égalité absolue des deux sexes.

Dans l’espèce, elles supprimaient l’immoralité, ne la considérant, dans notre monde, que comme ta résultante d’une interprétation fausse de la morale, la morale devant être en conformité avec la loi naturelle.

Ces déclarations, revêtues d’un caractère doctrinal, scandalisèrent le public, peu scrupuleux pourtant. Elles furent taxées d’être paradoxales et monstrueuses. Pourtant on acceptait bien pis ; quelques-unes avaient commis le crime de mettre en avant la franchise, et tous préféraient l’hypocrisie.

Ces doctrines qui flattaient les passions et sous un certain rapport, satisfaisaient la justice, furent l’objet de la réprobation générale.

Dans un beau mouvement d’indignation, les esprits se soulevèrent. Ce fut un tollé. Quoi, les mœurs libres étaient permises aux femmes ! Par contre, on applaudissait à la prostitution infâme, comme à une nécessité sociale ; on passait sous silence les crimes qui en découlent. On avait pourtant connaissance des reniements de paternité, des avortements, des infanticides sans s’en émouvoir autrement. Ne sont-ce pas là les calamités inhérentes aux sociétés humaines ?

Mais dès qu’il s’agissait de faire cesser ces infamies par une répartition plus équitable des responsabilités, la majorité des consciences s’indignait.

Les débauchés, les libertins même protestaient. Quoi ! quand ils seraient fatigués par leurs excès et incapables de les continuer, ils ne pourraient s’allier, en justes noces, aux vierges immaculées pour leur imprimer les stygmates de leur dévergondage, et donner le jour à toute une lignée de scrofuleux ! Mais, en vérité,