Page:Deraismes - Eve dans l humanite - Les Droits de l enfant.pdf/65

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
48
ève.

c’était, à leurs yeux, une folie criminelle. Ils criaient au scandale et invoquaient la vertu.

Cette comédie jésuitique ne cesse de se jouer. Il faudrait pourtant y renoncer et aborder la réalité qui nous confond avec la positivité de ses faits.

Nous nous poserons cette question : Les sens chez les hommes comme chez les femmes peuvent-ils être régis par la raison ?

Les fonctions génésiques peuvent-elles être réglées comme les fonctions des autres organes, tel que l’estomac par exemple ?

La volonté masculine peut elle intervenir efficacement pour refréner la violence des instincts ? D’ailleurs, ne faut il pas distinguer ce qui appartient aux organes de ce qui revient à leur perturbation ?

Cette question une fois posée, si la réponse est négative, les mœurs libres doivent être proclamées pour les deux sexes à charge égale de responsabilité, comme nous le faisions observer au début.

Ceci admis, il reste à savoir si la bride lâchée aux instincts essentiellement charnels, n’aura pas pour résultat l’exagération et l’exaltation de ces mêmes instincts et leur prédominance sur les aspirations supérieures de l’humanité.

Nous disions, il n’y a qu’un instant, qu’une différence notable doit être établie entre l’instinct réduit à sa part congrue, et l’instinct auquel s’ajoutent les suggestions d’une imagination dépravée.

La juste mesure de nos besoins est toujours restreinte ; et il y a nécessité à éliminer cette superfluité troublante qui déséquilibre et affaiblit les organismes les mieux constitués, ainsi que la société dans laquelle ils sont. Cette régularité des mœurs, imposée aux indi-