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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/141

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mais j’étais jeune, et l’enfant, encore inerte, ne remuait pas les lèvres ; rien ne parla à mon cœur. Plus tard, lorsque je la vis, lorsque j’entendis sa voix, lorsque son regard s’arrêta sur le mien, une émotion délicieuse s’empara de mon âme… Ah ! c’est qu’un enfant, un enfant à soi, qui pleure quand on lui refuse et qui sourit quand on lui donne, quelle chose peut vous donner un semblable bonheur ? Ma fille ! ma fille ! tous mes rêves détruits, son avenir brisé… (Avec force.) Je vais le tuer… mais, non, tout deviendrait irréparable alors ; il savait bien, l’infâme, qu’autrement il ne pourrait obtenir ma fille. Mon Dieu ! donnez-moi du calme… (Il sonne.)



Scène XIV.


CÉLINE, LE PRÉSIDENT. (Céline ose à peine entrer)


LE PRÉSIDENT.

Où est ma fille ?

CÉLINE, effrayée.

Monsieur, mademoiselle dort. Oh ! je vous en prie, mon sieur, ne la réveillez pas, le docteur l’a expressément défendu.

LE PRÉSIDENT, marchant à pas précipités et se dirigeant vers la chambre de Renée.

Si ! il faut que je la voie !

CÉLINE, lui barrant le passage.

Monsieur, écoutez-moi ! mais vous allez la tuer !

LE PRÉSIDENT.

Oui, au fait, il vaut mieux ne pas la voir, car je ne me sens plus maître de moi.(À part.) C’est chez lui que je vais aller. (Il entre dans son cabinet.)