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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/148

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(Au domestique) Quelqu’un est entré dans mon atelier, tout à l’heure ?

LE DOMESTIQUE.

Monsieur a fait erreur, personne n’est venu.

ORTHEZ.

Ah ! c’est assez singulier, j’ai entendu parler.

LE DOMESTIQUE.

C’est moi, monsieur, qui chantonnais en rangeant.

ORTHEZ.

Ah ! c’est bien, je me suis trompé. (S’asseyant.) Je suis mécontent de tous et de moi-même. Cet Annibal est suffocant de sottise ; et cette Rosalinde, quelle épaisse créature ! l’œil ne peut s’arrêter sur elle sans dégoût : nature vulgaire, ses joues pendent comme des mamelles de brebis. (Il se lève et se dirige vers le cabinet) Tiens, où est donc la clef ; Frank, qu’as-tu fait de la clef ?

LE DOMESTIQUE.

Mon Dieu ! monsieur, j’en suis dans l’ignorance. Tout à l’heure, j’ai voulu entrer dans le cabinet ; j’ai pensé que monsieur, peut-être, l’avait ôtée par distraction.

ORTHEZ.

Cherche-la.

LE DOMESTIQUE.

On la trouvera, monsieur, on la trouvera.

ORTHEZ, à lui-même.

Folle cervelle ! l’homme pensera-t-il toujours comme un sage et agira-t-il comme un sot ? (Il s’étend sur un divan.) Je ne veux plus que penser. Frank, apporte-moi le narghilé.

LE DOMESTIQUE.

Oui, monsieur.

(Il sort.)