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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/224

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Mme DE SORIEU.

Pitié de vous… quelle audace ! Voyons, monsieur, ne soyez pas lâche, quand on a fait le mal froidement, on sait le contempler de même.

HORACE.

Adrienne, écoutez-moi. Toutes les apparences m’accusent, mais vous ne tarderez pas vous-même à approuver ma conduite.

Mme DE SORIEU.

Moi, approuver votre conduite !…

HORACE.

Entre la passion qui entraîne et le devoir qui repousse, j’ai choisi le devoir.

Mme DE SORIEU.

Monsieur, vous mentez !

HORACE.

Adrienne !…

Mme DE SORIEU.

Oui, vous mentez. Mlle Evrart, votre femme enfin, est jeune et belle, dit-on.

HORACE.

L’ai-je vue seulement ?… L’image d’une femme, si belle qu’elle soit, ne s’est jamais mise entre nous. D’ailleurs, je l’eusse repoussée avec dédain, car elle m’eût empêché de te voir.

Mme DE SORIEU.

Comment pouvez-vous me parler ainsi, vous qui en épousez une autre !

HORACE.

Mais, malheureuse enfant, est-tu libre toi-même ? n’est-tu pas mariée ? ai-je pu te donner mon nom ?… Lorsque tu me captivas par l’éclat de tes charmes et la grâce de ton esprit,