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Page:Deraismes - Le Theatre chez soi.pdf/225

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je n’eus qu’une seule idée, celle de t’attacher à moipar des liens indissolubles.

Mme DE SORIEU.

Eh bien ?…

HORACE.

Tu m’avouas alors que tu étais mariée, mais séparée de ton mari. Je t’aimais et je n’eus pas la force de m’éloigner. Toi-même tu avais trop tardé à me faire cette révélation.

Mme DE SORIEU.

Ah ! si je redoutais de la faire, c’était dans la crainte de te perdre. Mais enfin tu acceptas ma position et tu me juras un amour éternel en échange du mien.

HORACE.

Et je tins serment. Seulement il est des circonstances qu’on ne peut prévoir. L’honneur, le devoir, la reconnaissance, m’ont contraint à épouser Mlle Evrart.

Mme DE SORIEU.

Ah ! tâchez donc de m’en convaincre. L’amour est-il un sentiment si bas qu’on doive le sacrifier au vain scrupule d’une conscience timorée ? Horace, on raisonne quand on n’aime plus.

HORACE.

Je me suis souvenu que j’avais un père, Adrienne, et tant qu’un homme a la faculté de discerner, il ne lui est pas permis de mal faire.

Mme DE SORIEU.

Mais enfin, où voulez-vous en venir ? Quelle est donc cette obligation terrible ?…

HORACE.

Écoutez : Il y a vingt-cinq ans, un navire sombrait en vue du port de Marseille. Le canon avait retenti au milieu de la nuit, et les habitants, tirés de leur sommeil par le sinistre