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» Je dois m’occuper de la question du mariage et de la virginité considérée au point de vue des intérêts sociaux et des intérêts de la femme, mais, en attendant que j’aie pu livrer à la conscience et à l’appréciation de chacun ce qui fait l’objet de mes préoccupations, je compte sur votre obligeance pour prier M. le rédacteur de l’Écho de l'Ouest d’accueillir ce que son article me donne l'occasion de dire sur ces matières. Je ne doute pas, citoyenne et amie, de votre concours fraternel, sachant que vous considérez comme un devoir de propager l’opinion de toutes les femmes qui s’occupent consciencieusement de ces hautes questions sociales, et, s’il y a lieu, je désire même engager la discussion avec vous sur ce point.

» Partant des faits accomplis, assistant au remaniement de toutes choses par la justice, d'une part ; d’autre part, devant m’adresser à la société chrétienne, et pouvant, en conséquence, invoquer les lumières de l'Évangile, je pose, non pas au nom du prêtre, mais au nom de la femme, cette question à la face du monde : Le mariage est-il le lot de l'humanité chrétienne ? La procréation de l'espèce humaine et la conservation de la famille telle que vous la voyez constituée sont-elles la tâche de la femme chrétienne ? Eh bien ! je n'hésite pas à le dire : Au nom du droit de la femme, je réponds : Non. L'on me demande pourquoi ; voici mes raisons : Parce que le mariage n'est, par l'autorité et l’exemple du Christ, de même que par l’esprit de l’Évangile et des Apôtres, qu'une tolérance accordée pour une catégorie, ceux qui ne peuvent garder la continence[1] ; parce que le mariage n’est indiqué, comme moyen, qu'à cause de la faiblesse humaine, et que, sans cette raison, la virginité est formellement recommandée et approuvée[2] ; parce que le mariage, bien que déclaré honorable entre tous, n’était pas moins un contrat dans lequel l’un des contractants

  1. Je dis donc à ceux qui ne sont pas mariés et aux veuves qu'il leur est avantageux de demeurer comme moi ; mais s'ils ne peuvent garder la continence, qu'ils se marient, car il vaut mieux se marier que de brûler. (St-Paul, 1re Épître aux Corinthiens, v. 8, 9.)
  2. Il est bon à l'homme de ne toucher point de femme ; toutefois, pour éviter l’impudicité ; que chacun ait sa femme, et que chaque femme ait son mari. (St-Paul, 1re Épître aux Corinthiens, v. 1, 2.)