de la justifier de soupçons qui ne sont que trop certifiés.
Toujours est-il qu’après Socrate, après Platon, la femme joua un plus grand rôle dans les conceptions des poëtes. Moins asservie au désir, elle paraît plus aimée. Chez Théocrite, la passion se déchaîne fougueuse et quelquefois fiévreuse, les délicatesses de l’amour sourient déjà dans Ménandre : la fable de l’Apparition suffirait à le prouver. Ainsi, depuis la sortie d’Eden, l’amour a fait bien du chemin ; après s’être incarné dans des types immortels, il s’est personnifié dans des figures vivantes ; il a presque ouvert le gynécée et il y a introduit le culte du Beau. Sa tâche est faite sous le ciel de la Grèce. Il peut se remettre en route. A Rome ! à Rome !
III
L’apparition de l’amour dans la ville étémelle fut tardive, mais plus éclatante qu’en Grèce. Le rude génie romain, par un de ces mystérieux arrangements du progrès, se plia mieux aux exigences de l’amour que la Grèce, bercée par les poëtes. Plus de gynécée ! La femme romaine a la liberté de ses mouvements ; elle va, vient sur la place publique, jusqu’à scandaliser Caton. De là, plus d’égalité domestique et surtout plus d’intimité avec le mari. De là, un héroïsme dans la pratique