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Page:Des Essarts - Les Voyages de l’esprit, 1869.djvu/128

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du Devoir qui, assez rare chez les femmes grecques, est commun aux matrones romaines. Que de nobles épouses, aimant jusqu’à la mort, ont laissé un nom éternisé dans ces sanglantes annales de la république agonisante et de l’empire florissant ! L’idée du sacrifice et du dévouement était contagieuse parmi ces Cornélie et ces Arria, et avec cette idée l’amour pénétrait plus que jamais dans le mariage. La passion également déploya un vol plus hardi sous ce ciel du Latium. Caille fut son interprète, et Catulle, dans l’expression de l’amour, l’emporta sur Sapho et sur Théocrite. Le délire de Sapho, l’âpreté de Théocrite, se spiritualisent dans le poëte qui fit connaître aux Romains cette langue de la passion. Mais comment l’aurait-il aussi bien parlée, si à son époque il n’avait eu sous les yeux des inspirations telles que les Grecs en avaient seulement entrevues dans la fugitive vision des hétaïres. C’est que l’émancipation de la femme a fait un grand pas. La vie mondaine est peu à peu sortie de la vie de famille. Déjà’se décèle la femme du monde, participant de la matrone par sa dignité et de l’hétaïre par la culture de son esprit.

Ce sont bien des patriciennes que Catulle et que plus tard Properce ont chantées, des patriciennes intelligentes et libres, curieuses d’art et de poésie, amoureuses du poëte autant que de l’amant. C’est déjà la Pampinée de Boccace, cette Lesbie de Catulle ou cette Cinthie de Properce. Et pour Cinthie Properce se tourmente, et pour Lesbie Catulle se torture

Ce n’est plus lo, ce n’est plus Déjanire, ce n’est plus