Aller au contenu

Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/265

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PIC D’ANHIE ET LAC DE TABE.

Sur le pic d’Anhie est un esprit mélancolique, solitaire, inhospitalier. Sa taille dépasse celle du plus haut sapin ; son jardin, qu’il cultive avec soin, et d’où il écarte les neiges et les frimas, est situé sur le haut du pic. Là croissent des végétaux dont le suc a des puissances surnaturelles ; la liqueur qui en provient décuple la force des hommes ; quelques gouttes suffisent pour écarter les démons, gardiens des trésors que renferment les cavernes et les vieux châteaux. Si des étrangers voulaient cueillir ces puissants végétaux ou visiter la demeure du génie, celui-ci susciterait aussitôt d’effroyables tempêtes.

Les habitants de la vallée d’Aspe et du village de Lescun redoutent encore les terribles effets de l’implacable colère de ce dieu du mont escarpé. Dans les profondeurs du lac de Tabe habite un autre génie non moins terrible. Ceux qui parcourent les bords de ce lac ne doivent prononcer que de chastes paroles, et malheur à eux s’ils troublent le calme des eaux en y jetant des pierres ! On a vu, quand des voyageurs oublient ou méprisent ces ordres ou ces avertissements de leur guide, un orage affreux envelopper la montagne, et quelque-