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Page:Des Monts - Les Legendes des Pyrenees 3e, 1876.djvu/72

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à genoux devant une image de la Vierge grossièrement taillée dans le roc par quelque pâtre désœuvré.

On dirait une statue de marbre, si sa main aux ongles roses ne tressait une couronne de fleurs pour en orner le front de la madone.

Plein d’une douce extase, il attend que cet ange sous enveloppe humaine élève vers le ciel un regard radieux ; mais rien ne semble distraire son amante, absorbée dans une rêverie profonde. Parfois seulement son sein, péniblement agité comme le flot par la tempête, se soulève avec effort, et son cœur oppressé soupire. Mystère étrange ! L’ombre de Karl, que le soleil se plaît à projeter devant elle, devrait pourtant solliciter son regard, la porter à se retourner….. Mais non, il semble qu’elle ne le voie pas. — Sa paupière, attachée à la terre, reste immobile et froide. — Que signifie cela ?

Cependant, la couronne de liserons blancs vient d’être terminée, et Thérésa secoue de sa main blanchette les quelques fleurs tombées éparses sur son tablier noir. Que va-t-elle faire ? La voici qui se lève.

« Mère des malheureux, dit-elle, écoute ma prière ; jette sur la pauvre abandonnée un regard consolateur. Daigne m’accorder un rayon de lumière, un seul, pour que je le voie encore, s’il