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265Quand voicy arriver la caute Cytheree :
Je ne sçay qui luy dist la secrete contree
Où vostre Fille estoit : pour mieux tendre ses las,
La chaste Delienne & la docte Pallas
Estoient à ses costez, d’un affaité sourire
270Venus se faint joyeuse, & doucement attire
Vostre innocente Fille à son embrassement,
Et l’appelant sa sœur s’esmerveille comment
Son exquise beauté demeuree ainsi recluse,
Et vostre austerité bien souvent elle accuse
275De l’absenter ainsi des astres paternels,
Defendant ses propos à tous les immortels.
L’ignorante du mal s’esjouit en soy-mesme
Des voir ses belles sœurs, qu’elle cherist, qu’ell’ ayme.
Redoublant le nectar elle prend quelque fois
280De Minerve l’armet, de Phebe le carquois.
Ell’ efforce sa main delicate & mignonne,
Et ne peut souslever le bouclier de Belonne.
Venus commence lors en propos trahissans
A vanter de l’Ætna les beaux champs verdissans,
285Dissimulant tousjours d’une feinte malice
De croire que le thim ou la rose y fleurisse.
Elle s’enquiert du lieu, monstrant de l’ignorer,
Disant que les frimats ne sçauroient endurer
Les printanieres fleurs que l’irrité Boree
290Arracheroit selon la plante desiree.
Ell’ entend le contraire, & desire la voir.
Ses propos attirans sont forts pour esmouvoir
L’âge tendre & coulant de vostre belle Fille.
Je voulus l’arrester. Ma priere inutile