vostre docte & exacte correction, ne me voulussent recongnoistre : aussi chacun peut voir en les lisant, que je ne seray pas reprise par Apelle de la faute de Protogene. Il est advenu toutesfois que ceste corvée vous est escheuë, & vous les avez corrigez, dont je vous remercie de bon cueur, & reçoy vostre censure pour ornement. Mais je vous supplie ne forcer ma conscience en ce mot de caterve : pource que je suis opiniastre & proterve. Je sçay que mes vers mal polis reçoivent nature qui est femelle, & refusent l’art qui est masle. Aussi me seroit-il plus mal seant que jamais de pratiquer avec luy en l’absence de Monsieur de la Villee mon mary, duquel je vous recommande la personne & les affaires, vous suppliant humblement (Monsieur) s’il est en vostre puissance de luy aider, qu’il soit en vostre volonté.
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Onsieur, je n’eusse jamais pensé que Paris,
qui est la vive source des bons maris, ou l’air
de Bretaigne vous eussent peu en telle sorte aliener
de la façon accoustumee de m’escrire, mesmes en
ce temps si tenebreux, où vos lettres seroient à mes
yeux une gratieuse lumiere. Je sçay que vous n’avez
point defailly de porteur : pource que plusieurs de
nos citoiens revenus du lieu où vous estes, m’ont
dit qu’ils vous avoient veu depuis peu de jours en
tres-bonne disposition Dieu merci. Or ne suis je
pas pour vous imiter : mais tousjours je seray diligente
à vous escrire, obeir, & servir. Priant humblement
la bonté divine qu’elle vous tienne en parfaite