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BETTY PETITE FILLE

L’ami de la maison, Protée mystérieux, variait, tantôt tapissier, tantôt docteur ou masseur, il n’en restait pas moins un banquier inlassable.

Betty en arrivait à la conclusion simpliste que l’homme ne pouvait être le pourvoyeur de tous les besoins qu’à la condition d’être changé souvent. Elle ne se moquait point du mâle, du moins pas encore, n’ayant eu le temps de le mépriser.

Et Madame Cérisy vivait, ingénuement, se répétant :

— Betty, c’est une enfant,… elle n’a pas de malice, la pauvre petite.

Le café dégusté lentement, Madame Cérisy se leva et pensive demanda :

— Tu ne préférerais pas aller te promener avec Léontine ?

La fillette se défendit aussitôt, le cœur serré.

— Oh ! non, petite mère… il fait si chaud !

Elle disait cela avec une mine coquette, craintive.

La mère sourit et s’éloigna, nullement inquiète.

Sournoise, Betty baissait le nez, suivant cependant des yeux la silhouette onduleuse de la femme qui disparaissait dans un frou-frou musical de soie et de dentelles.

Derrière son dos, elle eut une grimace mutine,