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BETTY PETITE FILLE


tion que donne toujours la preuve synthétique, elle se répéta :

— Je ferai comme maman !

Elle avait raison, les enfants doivent toujours imiter leurs parents qui ont tous la sagesse et l’expérience. Moralité, bienséance, respect de soi-même, ne sont que des aphorismes inventés à l’usage des imbéciles.

Betty assurément mangea avec propreté, elle s’essayait à des gestes menus, comme elle en voyait exécuter aux dames de son entourage. C’était ridicule, disgracieux, chez une gamine de cet âge, à peu près autant que chez les dames elle-mêmes.

Elle toisait les autres dîneurs et dans son sourire supérieur, semblait affirmer : je suis autant que vous, ayant la possibilité de déjeuner en un luxe identique.

Sa mère lui rendit une juste part de son admiration, parce que l’on se complaît toujours à reconnaître en sa propre progéniture, une supériorité incontestable sur le reste de l’humanité enfantine.

Tandis que la fillette se proposait de se lancer dans la haute prostitution, Madame Cérisy songeait :

— Je lui constituerai une dot et la marierai à un jeune avocat qui deviendra député.