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BETTY PETITE FILLE

Ce qui prouve que même en famille, on s’entend difficilement sur les sujets les plus simples.

À cette supposition la mère eut une bouffée de juste fierté ; c’était son corps aux formes plantureuses qui lui permettait pareils espoirs. Décidément, la mort de son mari avait été une chance dans sa vie ; auprès de cet homme sans génie, elle aurait végété en une modeste honnêteté, sans diamants et robes de satin.

Elle fit scintiller au soleil le saphir de son médius gauche.

Pratique cependant, elle examina d’un regard rapide, les dîneurs solitaires. Certes elle possédait déjà trois tapissiers, qui s’ignoraient mutuellement, mais abondance de biens n’a jamais nui à personne.

Un homme lui sourit aimablement. Elle ne baissa point les yeux, sans cependant manifester incontinent, les symptômes ordinaires du coup de foudre. C’était suffisant toutefois, l’hameçon était lancé et comme elle avait du coup d’œil, elle sut aussitôt qu’elle ne pêchait point le maquereau.

Betty dont les yeux étaient naturellement très ouverts, surprit cette pantomime, tout en conservant sa candide indifférence. Aucun détail ne lui échappa et elle les rangea soigneusement dans sa mémoire, toujours pour « faire comme maman »,

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