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BETTY PETITE FILLE


soin, et se dirigea vers la porte. Sur le point de sortir, il se retourna :

— J’rappliquerai ce soir, il y a fausse donne c’est à remettre.

Elle eut un geste découragé, mais ne répondit pas. Quand elle l’eut entendu descendre l’escalier, Betty sauta du lit.

— Pourquoi qu’tu t’laisses battre comme ça ?

La fille la fixa avec ahurissement :

— Parce que j’peux pas faire autrement…

— Il te demande de l’argent…

— Dame… c’était convenu, i’m’paye ma chambre, m’a fourni des frusques… maintenant faut qu’j’i’ refile cinquante francs par jour…

Betty réfléchissait, elle comprenait à demi cette combinaison ; jusqu’alors elle avait cru que les hommes seuls donnaient de l’argent aux femmes et maintenant elle apprenait que le contraire se produisait. Elle conseilla :

— Pourquoi t’essayes pas d’l’envoyer promener ?

— I’ m’a expliqué… si j’lui r’file pas l’pognon, il m’fra poisser par les flics…

— Par les flics ?

— Bien sûr… à cause que j’suis su’ l’tas…

Il fallut lui expliquer l’expression, quand elle eut saisi, elle insinua :

— Ben, r’viens chez nous…