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BETTY PETITE FILLE

Léontine « rigola », sincèrement amusée par une telle offre :

— Non pensez-vous que j’veux r’commencer…

— T’aimes mieux être battue ?

Elle n’hésita pas :

— Bien sûr, au moins, c’est quelques minutes à passer tandis que chez vot’mère, c’était la journée entière qu’on m’…embêtait… Et puis, ça s’ra pas toujours la même chose, quand j’aurai l’habitude, j’pourrais lui donner ses cinquante francs par jour…, j’saurai tirer l’pognon aux hommes… maintenant j’manque de culot… j’prends c’qu’on laisse…

La fillette réfléchissait, tout ceci semblait peu plausible à sa jugeotte. Cependant elle pensait qu’il existait plusieurs façons d’opérer : l’une élégante, comme sa mère ; l’autre brutale, à l’instar du souillon. Elle reconnut que Madame Cérisy se trouvait à plusieurs degrés au-dessus de Léontine dans l’échelle de la prostitution.

Ces détails après tout, ne l’intéressaient qu’au point de vue philosophique, si l’on peut dire, elle avait la conviction que son heure venue, elle serait plus habile.

Ce qu’elle tenait à savoir surtout c’étaient les secrets croustillants que la goton devait certainement connaître. Mais l’autre se montra discrète,