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BETTY PETITE FILLE

Très triste brusquement, elle atteignait d’un seul bond, la science et la sensualité de la compagne. Comme elle maintenant elle rêverait, mordue par l’impatience.

Elle s’étonnait d’avoir si longtemps ignoré tout cela et avait honte, un peu, de cette ignorance incompréhensible. Pourtant elle aussi aurait pu regarder par les trous de serrure, désormais elle n’hésiterait, quoi que les occasions chez elle, fussent plus rares que chez Madame Cérisy dont les tapissiers étaient nombreux.

Il avait suffi d’une après-midi de conversation franche pour la dépraver, ouvrir à sa jeune imagination des horizons nouveaux.

Betty par contre n’avait pas retiré de cette entrevue, tout ce qu’elle avait espéré, il lui restait plutôt une certaine amertume, de n’avoir auprès d’elle qu’une fillette et non pas le prince charmant dont les caresses auraient été plus ensorcelantes.

Le silence fut brusquement coupé par la sonnerie stridente de l’entrée. Les deux amies sursautèrent, mais Betty se remit vite, laissant tomber sur son visage le masque enfantin sous lequel sa ruse lui avait appris à cacher ses pensées.

Elle eut un cri de joie, en reconnaissant Morande, dans le visiteur inattendu. Le vieillard