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BETTY PETITE FILLE


la lèvre dédaigneuse. Le titre fortuit de Parisienne, lui donnait à son avis, une supériorité incontestable sur le reste des humains.

Le parrain venait derrière et souriait, amusé de la voir si crâne, si désinvolte.

Au moment de se mettre à table, elle choisit sa place avec sûreté, se posant face à l’orchestre, laissant sa mère bien en vue, afin de lui permettre de faire admirer ses brillants.

De Morande, elle ne s’occupa point : c’était un homme, c’est-à-dire, un esclave ou un banquier, ce qui est la même chose.

Pourtant, elle se tint convenablement, peu désireuse de sortir de sa ligne de conduite générale, qui lui assurait l’impunité. Et sa mère, naturellement en fut très fière, reconnaissant sa joliesse, sa grâce et sa bonne éducation. Or c’était à elle que la fillette devait tout cela.

Morande épiait sans relâche la gamine ; il essayait mais en vain de percer à jour ce masque d’innocence. Il sentait bien que sous cette enveloppe, il y avait de la perversité, mais il était assurément loin de se douter du gouffre mystérieux que cachait cette mignonne figure aux traits réguliers.

Cependant, elle se voyait un peu devinée par le vieillard perspicace ; elle n’eut donc plus à son