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BETTY PETITE FILLE


égard, même l’infime retenue ordinaire. Rieuse et habile déjà, elle lui coulait des regards prometteurs et sous la table, lui envoyait de brefs coups de pieds.

Mais en même temps elle riait franchement, feignant toujours la gaminerie, qui sauvait les apparences.

Madame Cérisy souriait avec indulgence, et trop aveugle pour se décider à voir que la fillette pleine d’une sève vigoureuse, avait franchi hardiment le pas de la puberté.

Il est incontestablement malaisé de lutter contre la nature quelque soit le degré de la moralité générale ; c’est plus difficile encore lorsque la nature est aidée par l’atmosphère de serre chaude, qu’est toute grande ville à la population dense.

Les musiciens avaient préludé brusquement en un vacarme infernal de grosse caisse et de cymbales. Un tango trépidant retentit, secouant les reins de frissons brutaux, enveloppant la salle entière d’un magnétisme particulier, exacerbant les nerfs, les amenant à une sensibilité maladive.

La fillette déjà préparée par un après-midi d’éréthisme, percevait plus finement cette sensation bizarre.

En elle se faisait lentement, comme un vide, un besoin indéfinissable ; elle avait la notion très