Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/175

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
169
BETTY PETITE FILLE


affreuse au fond du cœur. Elle ressentit pour l’éphèbe une haine soudaine, de ce qu’il ne la prenait pas, ne la faisait point femme immédiatement, puisqu’elle avait la preuve qu’il le pouvait. Charlotte souriait doucement, fière de sa bassesse, de sa honte en face de cette étrangère. Son joli visage se tordait en une grimace hideuse, sa taille frêle se cambrait avec une souplesse digne d’un acrobate.

Ils se réinstallèrent autour du guéridon et cette fois dégustèrent l’apéritif, liqueur anodine plus sucrée qu’alcoolisée. Betty réclama une cigarette, les autres pincèrent les lèvres avec dégoût. Charlotte, daigna expliquer :

— Mais nous ne fumons pas, petite mignonne, c’est bon pour les hommes !

Elle fit ah ! et n’insista pas, mais son ahurissement trouvait à chaque minute à s’alimenter.

Enfin elle consulta sa montre et reconnut qu’il était temps de s’esquiver, si elle ne voulait être surprise en flagrant délit de vagabondage par Madame Cérisy.

Souriante, elle rajusta sa toilette ; avec des gestes adroits, Charlotte l’aida, faisant preuve d’une dextérité extraordinaire pour nouer un cordon, fermer une pression.

Ils la reconduisirent jusqu’à l’antichambre, et