Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/195

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
189
BETTY PETITE FILLE

Charles, la perruque légèrement de travers, ricanait ; il jugeait la situation excessivement drôle. Il considéra la fillette et devina sa colère, plus qu’il ne la remarquait.

Madame Cérisy avait les yeux brillants et la poitrine oppressée, mais sur son joli visage, artistement peint, s’épanouissait un sourire heureux. Indifférente à la présence de sa fille, elle contemplait l’amant bizarre et de cette bizarrerie, ressentait comme une volupté extraordinaire, jamais éprouvée.

Aussitôt une intimité étrange, faite de lubricité intérieure, régna entre ces trois êtres. Ils étaient unis par un lien mystérieux, indéfinissable.

Charles se retira de bonne heure, jugeant qu’ayant accompli tout son devoir, sans espoir de rétribution ce jour-là, il n’avait plus rien à faire auprès de ces dames.

Madame Cérisy l’accompagna jusqu’à la porte et une dernière fois ils échangèrent un serrement de main complice.

Betty revint au boudoir, et comme sa mère apparaissait, elle laissa tomber avec une ironie mauvaise :

— Elle est bien gentille cette demoiselle Charlotte !

Il lui semblait se venger un peu par cette