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BETTY PETITE FILLE


moquerie et la mère perçut dans le ton, un changement léger qui lui fit battre le cœur.

Vaguement honteuse, elle ne répondit pas, s’ingéniant à détourner la conversation d’un sujet brûlant.

Très raide, les paupières plissées, Betty débarrassa la table et rangea les ustensiles divers à la cuisine.

Tout le reste du jour, une gêne pesa entre elles et Madame Cérisy fut heureuse vers cinq heures d’avoir une raison de sortir.

La solitude fut mauvaise à la fillette, seule en face d’elle-même, elle remua dans son esprit surexcité, un flot d’amertume. Franchement elle détestait sa mère, qui la privait d’un plaisir qui lui était refusé.

Le lendemain, elle se rendit à l’école de méchante humeur et à midi, prétexta une migraine pour s’en dispenser l’après-midi. Madame Cérisy n’osa s’opposer à cette volonté qu’elle sentait farouche ; quelque chose était changé entre elles, elle se sentait soudain très petite devant la gamine qui parfois la fixait de ses grands yeux noirs brillant comme du jais.

Même elle fut heureuse de ne pouvoir s’attarder au logis ce jour-là et aussitôt après le déjeuner, s’enfuit auprès d’un tapissier indulgent.

À peine la porte fut-elle refermée derrière elle,