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BETTY PETITE FILLE


tôt le retenir et permettre à Madame Cérisy de reprendre un peu de calme.

Aussitôt une idée saugrenue poussa dans son esprit. Elle se fit souriante pour affirmer :

— Maman n’est pas là, mais elle ne va pas tarder à revenir.

Et, hôtesse aimable, elle entraîna le visiteur au salon. Sur le divan, elle s’assit auprès de lui, immédiatement aguicheuse, poussée par le démon de curiosité sensuelle qui la harcelait.

Et puis l’énervement précédent s’était encore accru, le désir l’affolait, parce qu’elle se figurait l’apaisement possible et proche.

Dans l’exaltation du moment, il lui semblait qu’elle n’avait plus de crainte, plus de répugnance. L’homme lui plaisait, parce qu’il était élégant et net.

Elle se rapprocha encore, amenant la conversation sur des thèmes grivois. Inconsciemment, elle faisait preuve d’une science très avertie des choses de l’amour.

Il s’étonna :

— Mais quel âge avez-vous donc ?

Elle redressa fièrement sa taille souple :

— Seize ans d’puis les cerises… j’suis restée petitoune comme ça, j’ignore pourquoi…

Sincèrement allumé, il se montra plus osé, parla à l’oreille, lâchant des obscénités choisies.