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BETTY PETITE FILLE

Elle riait, la gorge tendue, le peignoir bâillant sur la poitrine ferme.

Il n’eut plus de doute et persuadé d’être seul dans l’appartement en compagnie de la fillette, il se dit qu’une occasion s’offrait.

Sa vanité était délicieusement chatouillée, à l’idée d’avoir été distingué par cette jeune fille futée et qui, probablement, connaissait le loup et ses oreilles.

Il la prit à la taille, et amoureuse, elle s’alanguit sur sa poitrine, prête à tous les abandons. Tremblante, elle se disait que le moment était enfin venu, où elle allait savourer le miel des caresses viriles.

Il s’attardait, se complaisant à cet émoi juvénile, certain que l’avenir lui appartenait.

Malgré son impatience énervée, elle dompta sa nervosité, se laissant aller, câline et soumise.

Persuadé devoir user d’égards, il la poussait lentement sur le sopha, hésitant sur la marche à suivre. À Madame Cérisy, la maîtresse ordinaire, il ne pensait plus, emporté par le délire des sens.

Et brusquement elle se vit allongée sur le divan. La réalité soudain lui apparut affreuse, une terreur incoercible l’étreignit. Elle ne se révoltait pas, elle avait peur seulement.