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BETTY PETITE FILLE

Ce à quoi elle aspirait surtout, c’était au frisson intense, à cette pâmoison paradisiaque, comme sa mère lui en avait donné un exemple.

Elle s’en fut bien à la cuisine retrouver Léontine, mais la goton se trouvait dans l’impossibilité de la distraire. Celle-ci trop heureuse de quelques heures de liberté, en profitait pour s’asseoir devant la fenêtre et veule comme une vache à l’étable regardait au dehors.

Betty lui parla, elle répondit à peine, enveloppant la mère et la fille dans la même haine placide.

La gamine eut un rire moqueur ; d’un geste énergique elle secoua la lourde natte noire qui pendait entre ses épaules :

— Vous savez Léontine, maman a dit que vous deviez me promener cet après-midi…

L’autre sursauta : il faisait bon là, sans pensées, sans mouvements comme une bête de somme au repos.

Betty la guignait du coin de l’œil :

— Faut vous apprêter ! fit-elle impérieuse.

Cette fois la servante se débattit et hasarda un quart de tour :

— J’bouge pas… Madame a rien dit…

— Ça va bien… quand elle rentrera je lui répéterai que vous ne voulez jamais me sortir.