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BETTY PETITE FILLE


toisa avec une arrogance paisible, certaine de sa valeur, cependant malgré son aplomb elle se sentait gênée, l’immobilité surtout l’embarrassait.

La foule était dense, à cette heure où chacun rentrait chez soi ; elle en fut heureuse, pressée de toutes parts, calée par des corps masculins. Elle haletait, il lui semblait que parmi tous ces voisins l’un se montrait d’une audace exagérée. Mais cela lui plaisait, complétant les sensations diverses de cet après-midi de vagabondage.

En descendant du métro, elle courut d’une seule traite jusqu’au logis, toujours apeurée par l’idée du retard. À la porte elle cogna, évitant de sonner au cas où sa mère eût été là déjà.

Léontine l’air rechigné, la savate traînante sur le parquet vint ouvrir. Elle allait saluer d’une remarque désobligeante, lorsqu’elle s’arrêta, les mains aux cuisses, se tordant de rire.

— Ous-que vous avez été vous fourrer ?… pas à vêpres bien sûr !

La pauvrette contempla sa belle robe de satin avec désespoir, elle était définitivement perdue.

Mais un autre danger plus proche l’inquiétait :

— Vous direz à maman qu’on a été aux Tuileries !

Le souillon hocha la tête :