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BETTY PETITE FILLE


avait parlé de sa mère et de ses tapissiers. Une confidence en vaut une autre, le gamin, non sans orgueil, reconnut que Madame Leroy également possédait des tapissiers généreux et paillards.

Ils en arrivèrent très vite aux détails qu’ils se communiquaient avec une inconscience placide, complétant mutuellement leur propre science.

Robert s’était rapproché, ses jambes touchaient le genou de la compagne. Il se disait que lui aussi ferait bien le tapissier avec cette charmante jeune fille. Mais vraiment, il n’osait pas : si elle s’était moquée de lui !

Betty jouait à la grande personne qui « la connaît dans les coins », laissant tomber des aperçus sur l’amour charnel avec une autorité indiscutable.

Ils se regardaient de biais, les yeux brillants, les lèvres humides, et lui se grisait peu à peu, emporté par l’espoir qui éveille les désirs.

Ce n’était évidemment la morale qui les retenait, ils étaient à un âge où les choses n’ont encore qu’une valeur relative. L’ignorance et l’indécision seules les empêchaient de se livrer aux audaces ultimes, sinon, ils auraient agi avec la simplicité de l’homme des cavernes.

La fillette avait moins de timidité et dominait incontestablement le compagnon. Pourtant elle n’essayait rien, n’ayant encore trouvé le prétexte