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BETTY PETITE FILLE


pas tordue par le talon Louis XV. Elle riait cependant, de son air bête habituel, tandis qu’auprès d’elle, la fillette s’en allait effrontément, le nez au vent, l’œil moqueur.

Connaissant son Paris par ouï-dire, elle augurait beaucoup de cet après-midi, s’apprêtant aux plus folles débauches, sans appesantir son esprit cependant sur ce qui pourrait se passer.

Léontine qui se fatiguait, réclama de prendre l’autobus : elle s’y refusa, entraînant l’autre domptée par cette énergie juvénile.

Elles tournèrent rue Caumartin et là Betty hésita. Assurément elle avait le choix, autour d’elle ce n’étaient que dancing-rooms, mais la plupart avaient une telle réputation de haut luxe qu’elle craignait l’insuffisance de sa modeste fortune.

Ce fut la servante qui la décida ; rompue de fatigue, elle gronda :

— Entrons quèque part ou j’m’assois su’ l’ bord du trottoir…

Cette menace effraya la gamine, se voyant déjà auprès d’une dame élégante le derrière vautré dans la poussière et les pieds barbotant l’eau du ruisseau.

Elle lui prit le bras et l’entraîna. Un chasseur rouge et or leur ouvrit une porte et elles péné-