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BETTY PETITE FILLE


trèrent dans une salle surchauffée où la fumée des cigares stagnait en nuages épais. De la foule massée là montait une odeur violente de transpiration, de poudre de riz et de parfums chimiques. Léontine le reconnut candidement :

— Ce que ça pue !

Betty au contraire aspirait voluptueusement cette atmosphère viciée qui instinctivement plaisait à son odorat de petite Parisienne, et qui aussi agissait violemment, comme un coup de fouet, sur sa sensibilité.

Tous les regards braqués sur elles, à leur arrivée ne l’intimidèrent point ; un sourire railleur flottait sur ses lèvres rouges. Elle avait foi en sa supériorité.

Des yeux, elle chercha une table libre et en aperçut plusieurs à l’autre bout de la pièce.

Elle fit son choix et sans plus s’inquiéter de Léontine, marcha droit vers son but, indifférente aux consommateurs qu’elle dérangeait.

L’autre venait dans son sillage, peureusement, gênée par la vue de tant de monde réuni en si faible espace.

Le guéridon où s’installa Betty était voisin d’un autre où trois hommes étaient attablés. En s’asseyant, elle leur décocha un coup d’œil rieur, pour ensuite marquer la plus hautaine froideur.