Page:Des Vignons - Betty petite fille, 1922.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
81
BETTY PETITE FILLE


avec puérilité, ne se décidant à voir en elle une petite femme déjà mûrie.

Naturellement, elle admira la franchise enfantine de sa progéniture qui ignorait le mensonge et ne lui cachait jamais rien.

Avec un légitime orgueil, elle répétait in-petto :

— Cette enfant est pure comme le cristal.

Malgré sa vie désordonnée, ou peut-être à cause d’elle, ingénuement elle croyait à l’honnêteté chez ceux qui l’entouraient. Avec un égoïsme serein, elle se refusait à réfléchir, jugeant que tout était pour le mieux dans le meilleur des mondes.

Si elle avait dû penser que sa conduite pût influencer sa fille, elle en aurait sans doute eu des remords. Elle préférait ne pas en avoir.

À l’heure du dîner, lorsque Léontine le tablier graisseux sur le ventre vint annoncer que la soupe était servie, elle embrassa une dernière fois sa fille avec une tendresse fébrile et l’entraîna gaîment vers la salle à manger. Tout au fond d’elle-même, elle était reconnaissante à la gamine de ne point lui donner de soucis. En outre ces quelques minutes d’intimité, avaient apporté à sa conscience indulgente, un renouveau de calme : certainement ses devoirs maternels étaient accomplis.

Betty par contre l’admira un peu plus, ayant mieux noté le charme féminin de ses gestes étu-

6