Page:Des artistes, première série, 1885-1896, peintres et sculpteurs, 1922.djvu/254

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Mais, voici que successivement paraissent d'admirables bustes, et le public est bien forcé de s'arrêter devant des figures connues ou populaires, recréées par l'artiste avec une intensité de vie surprenante qui démasque l’âme.


C'est, d'abord, Victor Hugo, vieilli et déjà penché sur la mort. Visage profonds où tout est revivant de cette pensée, énorme et fulgurante, qui semble à l'étroit dans les limites d'un crâne humain, bossué de ses secousses et de ses formidables poussées : la seule image du poète où soit vraiment interprété ce qu'il y eut de force grondante et de rêve lumineux derrière ce front à la fois serein comme un ciel et houleux comme une mer d'orage, et ce qu'il y avait aussi d'étrangement faunesque dans l'expression. de cette bouche de vieillard, aux plans rétractés.

C'est M. Henri Rochefort, avec son beau. crâne de César romain qu'avilit un ricanant toupet de clown. Toute l'histoire de l'illustre pamphlétaire est racontée en cet extraordinaire morceau de plâtre, que la fantaisie bourgeoise du modèle laissa longtemps inachevé. La blague rit, grimace, se tord sur des lèvres dont la double expression, d'ironie et d'insouciance s'éteint parmi les lourdeurs molles des joues qui s'épaississent. C'est M. Dalou, masque impérieux, nerveux et trouble où la ruse se mêle à la noblesse, et dont le profil hardi, fier, opiniâtre est coupant ainsi qu'une lame d'acier. C'est M.