Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 2, Boulland, 1830.djvu/30

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Comme autrefois, sans doute, y sème leurs couleurs.
Je l’appelle ; j’attends… sa chambre est entr’ouverte…
Voilà sur son chapeau sa guirlande encor verte !
Joyeuse, je palpite et j’écoute un moment :
Sa mère sur le seuil arrive lentement.
Oh ! comme elle a vieilli ! Que deux ans l’ont courbée !
La vieillesse, vois-tu, traîne tant de regrets !
Elle relève enfin sa paupière absorbée,
Me regarde, et ne peut se rappeler mes traits.
« Où donc, lui dis-je, est Rose ? Où donc est votre fille ?
A-t-elle aussi quitté sa maison, sa famille ? »
Elle s’est tue encore, et, se cachant les yeux,
D’une main défaillante elle a montré les cieux.

À ses gémissements ma voix n’a pu répondre ;
        Le jardin me parut en deuil ;
        Je sentis mon âme se fondre,
Et mes genoux trembler en repassant le seuil.