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Page:Desbordes-Valmore - Œuvres complètes, tome 3, Boulland, 1830.djvu/98

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Arrêtez-vous, ma barque, et que nos destinées
À ce libre bord enchaînées,
Sur de tranquilles eaux s’endorment désormais.
Laissez-inoi de l’oubli boire le frais breuvage ;
Et, lentement calmés d’un douloureux voyage,
De mes jours moins émus laissez couler les flots ;
Mais, jusque-là, voguez sans peur et sans repos.
« Le repos est ici, mon amc s’y prépare ;
L’ami des malheureux pour un jour s’en sépare ;
Tous en foule où je vais vous viendrez me revoir ;
Moi, je touche au bonheur, je vous laisse l’espoir.
Levez les yeux ! c’est là que je vais vous attendre ;
C’est le palais du pauvre et l’humble y peut prétendre.
Oui, l’homme, dont les pleurs ont arrosé le pain,
À ce banquet promis ne frappe pas en vain.
J’épuise enfin du sort l’amertume secrète ;
Ma blessure se tait. Quoi ! dans mon sein calmé
Je ne retiendrai plus mon tourment renfermé ?