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PRIÈRES.

C’était doux, dans les fleurs éparses au saint lieu,
De respirer son père en visitant son Dieu !


J’y pense ; un jour de tiède et pâle automne,
Après le mois qui consume et qui tonne,
Près de ma sœur et ma main dans sa main,
De Notre-Dame ayant pris le chemin
Tout sinueux, planté de croix fleuries,
Où se mouraient des couronnes flétries,
Je regardais avec saisissement
Ce que ma sœur saluait tristement.
La lune large avant la nuit levée,
Comme une lampe avant l’heure éprouvée,
D’un reflet rouge enluminait les croix,
L’église blanche et tous ces lits étroits ;
Puis, dans les coins le chardon solitaire,
Éparpillait ses flocons sur la terre.


Sans deviner ce que c’est que mourir,
Devant la mort je n’osai plus courir.