Page:Desbordes-Valmore - Bouquets et prières, 1843.djvu/180

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Descendue en courant de l’ardente Italie,
Cette porte du ciel qui jamais ne s’oublie,
De chants et de parfums tout inondée encor,
Et les cils emmêlés de ses longs rayons d’or,
Prise aux jours qui s’en vont, que l’âme seule écoute,
Dont les échos perçans entrecoupaient ma route ;
Des lointains rapprochés les indicibles voix,
Me criaient : « Où vas-tu transir comme autrefois ?
Quel soleil séchera ton vol trempé d’orage,
Âme à peine échappée à ton dernier naufrage ;
Pauvre âme ! où t’en vas-tu, qui ne te souviens pas
De ton aile blessée et traînante ici-bas.
Viens t’asseoir, viens chanter, viens dormir dans nos brises,
Viens prier dans nos bras pleins d’encens, pleins d’églises.
Viens ranimer ton souffle au bruit calmant de l’eau,
Au cri d’une cigale à travers le bouleau.
Viens voir la vigne antique à l’air seul attachée,
Le sein toujours gonflé d’une grappe cachée,
Étendant follement ses longs bras vers ses sœurs,
Bacchantes sans repos appelant les danseurs.
Viens où les joncs et l’onde où le roseau se mire,
Poussent, en se heurtant, de frais éclats de rire ;