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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/149

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LES PETITS FLAMANDS.

demi son père qui souriait, sa jeune mère, plus blanche et plus belle dans ses simples atours de nuit, ses sœurs ouvrant les armoires d’un air empressé, tandis que son frère, accroupi devant le poêle rouge et ronflant, regardait de tous ses yeux, ne voulant rien perdre d’un tel spectacle ni de la surprise d’Agnès. Il avait eu les mêmes honneurs trois ans auparavant, et cette solennité renouvelée était déjà son jadis. Toutes ces figures aimées s’agitant dans la demi-teinte pour l’avénement d’Agnès formaient devant elle un tableau mouvant qui la charmait. Les enfants jugeront si les anges, quand ils rentrent au paradis pour y reprendre leurs ailes, sont plus heureux ; dans ce cas ils le sont infiniment, et cela fait penser que l’innocence est une chose adorable.

Après qu’Agnès eut été embrassée, reconnue souveraine de la maison, elle fut lavée avec de l’eau tiédie au foyer que l’on avait alimenté pour elle durant toute la nuit. On mêla de bonnes senteurs à cette ablution ; la mère y consacrait pieusement un reste d’essence de bergamote cachée dans ses parures de mariage parmi les dragées des quatre baptêmes de ses enfants. Ces richesses du ménage étaient enfermées dans un coffre de bois de Sainte-Lucie, et de ce coffre à clous de cuivre, luisant comme l’or, sor-