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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/155

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LES PETITS FLAMANDS.

meras beaucoup. Il faut toujours dire : J’ordonne ! Je veux ! Je commande ! car tu es ma grand’mère.

Agnès fit à son frère l’observation que sa grand’mère ne parlait jamais ainsi.

- N’importe ! elle en a le droit, dit Just, et il faut le prendre. Songe donc que tu n’as qu’un jour de souveraineté.

La leçon finie, Agnès émerveillée courut aussi vite que le lui permettaient sa longue jupe et sa faille, commander le festin composé par son frère. Quand sa mémoire chancelait, Just lui soufflait le mot à l’oreille et la redressait sur son trône.

- Grand’mère, dit-elle en embrassant l’aïeule, je commande un grand feu dans la chambre rouge ; j’invite quatre amis à table. Il faut les servir en argenterie, que l’on ne voit plus jamais dans l’armoire…

- Vin rose, vin rouge et vin blanc, souffla le frère, je l’ordonne !

- Vin rose, vin rouge et vin blanc, ma grand’mère, je l’ordonne, s’il vous plaît, et le festin magnifique, et des musiciens pour faire danser la compagnie.

— Un carrosse pour aller voir Zémire et Azor

— Un carrosse pour aller voir… Moi, je veux voir mon oncle Jean, poursuivit Agnès d’une voix pleurante ; il faut réconcilier mon oncle Jean avec mon