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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/156

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LES PETITS FLAMANDS.

père. Ô ma grand’mère ! qu’il vienne se réjouir avec nous ; je le commande, s’il vous plaît !

La grand’mère écoutait avec un singulier sourire, elle ne faisait pas un mouvement pour l’exécution des ordres d’Agnès, et continuait de filer assidûment comme toujours ; son visage, épanoui le matin par un moment de bonheur qui lui en rappelait tant d’autres, était devenu sérieux et plus réfléchi que d’habitude.

Agnès, après avoir consulté des yeux son frère, afin de s’encourager à un grand coup d’État, toussa pour éclaircir sa voix, et déclara qu’elle voulait des beignets pour tout le monde.

— Comment les aimes-tu, mon frère, aux pommes ou à la crême ?

— Je les aime chauds et sur la table, dit Just.

Cette réponse déconcerta la grand’mère, qui n’avait pas de quoi les servir au goût de Just ; elle les promit ainsi pour plus tard.

— Je les aime moins comme cela, repartit Just, qui était d’une concision étonnante ; puis il tira sa sœur par sa faille, et lui marmotta de nouveau le programme. Agnès le hasarda plus timidement ; mais quand elle revint à ces mots : « Je veux du vin rosé, je veux de l’argenterie qu’on ne voit plus jamais sur la table ni dans l’armoire…