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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/26

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LE PETIT BÈGUE.

c’était de quoi les rendre bien fiers ! je vous laisse y penser.

René s’habillait, triste et comme ivre de cette fanfare qui le rendait au mouvement avec une violence propre à lui troubler la raison. Pauvre René ! ce n’était plus ce réveil entr’ouvert par une voix douce, qui coulait d’abord à son âme. Il n’y avait plus de main caressante qui passât sur son front pour en écarter le sommeil. Il n’entendait plus cette femme absente lui souffler patiemment : « Allons, René ! allons, mon garçon ! c’est le jour ! » Et le prendre, et rire tout bas et l’habiller à demi, et répéter : « Allons ! » jusqu’à ce qu’il rit à son tour, en ouvrant ses yeux sur les regards doux et pleins de pitié de cette femme, dont la bonté l’avait rendu bon jusqu’au cœur !

Oh ! respectez le sommeil de l’enfance. Qui sait si ce n’est pas alors que l’âme rend visite à Dieu !