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Page:Desbordes-Valmore - Contes et scènes de la vie de famille, tome 2, 1865.pdf/84

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LES PETITS POLONAIS.

une courte révérence à saint Christophe et de répondre au salut des cheveux blancs du pauvre qu’il inclinait devant elle : « Oui, oui ! Dieu vous aide ! » Puis tout à coup elle songea que le vieux Pater-Noster aimait Léonard qui lui parlait et lui donnait souvent, et qu’il aurait pu le reconnaître partout s’il l’avait rencontré loin de sa maison. Elle revint donc vivement jusqu’à l’angle du carrefour où le mendiant faisait halte sur sa béquille.

— Ami Pater-Noster, lui dit-elle, avez-vous vu mon panitch[1], mon Léonard ? le plus jeune maître de notre maison où vous venez souvent, là-bas, sous les grands sureaux plantés devant ?… Je cherche partout mon panitch ; vous ne l’avez donc pas rencontré ?

Pater-Noster répondit qu’il ne l’avait pas rencontré, et qu’il allait demander à Dieu sa recouvrance avec celle des trois autres enfants que cherchaient les trois autres mères.

Alors il entonna de toute la voix qui lui restait cette belle litanie qui semblait faite exprès pour la circonstance :

Agnus Dei, qui tollis peccata mundi,
Miserere nobis !

Paraska, les joues couvertes de poussière, essuyant

  1. Le fils du seigneur, ou du maître de la maison.